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Repousser les monstres. Refonder la politique !

Repousser les monstres. Refonder la politique !

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Par Patrick Le Hyaric

L’alerte est sans appel et lourde de dangers ! La colère froide qui parcourt le pays, nourrie du chômage, de la précarité, de la mal vie, de l’insécurité du lendemain, du contexte dégradé où se côtoient les images d’horreur dans Paris ensanglanté et celles d’un monde disloqué, se manifeste pour une grande part par le silence le jour des votes et la dynamique d’une ombre brune qui s’étale comme des métastases sur l’ensemble du pays.

Ce phénomène se constate, avec plus ou moins de force, dans toute l’Europe. Il n’est plus seulement un vote de protestation. Il est le résultat d’un long processus de désenchantement démocratique, alimenté par le refus d’écouter les citoyens et la tentative d’installer un bipartisme pour poursuivre les mêmes gestions au service des puissances d’argent, par le glissement, sous l’impulsion de M. Sarkozy, de la droite vers la droite extrême, par l’abandon des gouvernants socialistes de l’objectif de « changer la vie » et « du combat pour l’égalité et la justice ».

Désormais, pour une part importante du pays, l’extrême-droite apparaît comme un recours. Pire, comme une alternative crédible au sein des institutions républicaines. Dans la féroce bataille idéologique, les points gagnés successivement par les idées de l’extrême-droite, ses permanences comme ses métamorphoses, doivent interroger nos insuffisances et les connivences entretenues avec elle par un spectre de plus en plus large du champ politique.

Ne passons pas par pertes et profits son instrumentalisation à des fins politiciennes pour conserver le pouvoir. Comme souvent, le monstre échappe à ses créateurs et se détache de ses chaînes pour cheminer en toute liberté ! Dans l’actuel climat, il peut monter un à un tous les barreaux de l’échelle jusqu’à l’élection présidentielle, pour pousser encore plus loin les haines et les divisions, la xénophobie, le racisme anti musulman et l’antisémitisme, les reculs sociaux et les privations de liberté, les attaques contre l’éducation et les droits des femmes, l’assèchement de la culture et le grippage économique. Il est urgent de cesser de se cacher les répliques d’un séisme entamé il y a 14 ans, le 21 avril 2002. Il est urgent de cesser de faire semblant le soir des élections d’entendre les cris de souffrances du peuple, pour les oublier le lendemain. Cette fois c’est sérieux. C’est très grave !

A l’esprit de la lutte et de la solidarité, n’est plus qu’opposé depuis longtemps la concurrence de tous contre tous, nourrissant les sectarismes, les ressentiments et les exclusions. On peut toujours dire que la colère est mauvaise conseillère. Le fait est là. A force de reprendre les idées et projets de l’extrême-droite, la droite sarkozyste et des fractions importantes de la gauche gouvernementale leur ont donné du crédit.

A force de tourner le dos à ce que la République a su construire de meilleur au bénéfice de chacun, d’avoir choisi de funestes et étroits débats autour de l’identité au lieu de promouvoir l’égalité, le terrain a été laissé aux forces les plus réactionnaires. A force de marteler le projet de « concurrence » comme facteur d’efficacité au lieu de la coopération entre les êtres humains, de théoriser une « guerre de civilisation » au lieu de porter le projet d’un monde commun et de dialogue, de bafouer la souveraineté populaire pour un « européisme ultralibéral », charriant délocalisations d’entreprises, chômage, reculs sociaux et démocratiques, on a raffermi le sentiment d’impuissance contre lequel la vague brune s’est légitimée et fortifiée.

Il ne suffira pas de réfuter l’absurde programme de l’extrême droite pour s’en sortir, ni de faire la morale à ceux qui y succombent. Il faut d’abord combattre les maux qui la font grandir et assécher le terreau de l’impuissance et de la désespérance : l’insécurité, celle des personnes comme celle du travail, la précarité, les inégalités sociales et l’accaparement des richesses par une infime minorité, les coups portés au service public, le mépris des classes populaires et le délitement démocratique.

A force d’abandonner la République aux vents d’une mondialisation capitaliste sauvage, son ennemi d’hier parvient aujourd’hui, par un dévoiement délirant de l’histoire et des valeurs, à s’en faire le défenseur. Un immense travail de refondation politique, idéologique et culturel, se dresse devant toutes les composantes de la gauche et de l’écologie politique pour déjouer cette supercherie. La division du pays en trois blocs, comme cela se confirme, va pousser à l’inertie, à toutes les manipulations d’ici l’élection présidentielle. L’actuel cynisme consistant à se satisfaire d’un tel bloc d’extrême-droite pour gagner l’élection présidentielle est mortifère pour les idéaux de la gauche. Se servir de ce danger, couplé à celui des « attentats » pour promouvoir une sorte « d’union sacrée », ou d’un gouvernement technique, est tout autant porteur de régression sociale et démocratique.

Dans l’immédiat, tout doit être fait pour empêcher que l’extrême-droite conquière des régions. Elle veut gagner une légitimité de gestionnaire, rassurer ses électeurs et d’autres durant quelques mois dans le cadre de la campagne des présidentielles. Son habilité éprouvée nous enseigne qu’elle sait avancer à pas de loups avant de déployer l’ensemble de son funeste arsenal idéologique, politique, social et culturel.

Malgré son score inquiétant, deux tiers de celles et ceux qui se sont exprimés dimanche, n’ont pas choisi l’extrême-droite, auxquels s’ajoutent toutes celles et ceux qui ont fait la grève des urnes. Le rassemblement pour lui barrer la route doit donc être sans faille. Là où la gauche a pu se rassembler pour des projets visant à améliorer la vie des habitants, voter pour elle est le seul moyen de disposer d’élus anti-austérité, d’élus de progrès social et humain, écologique et démocratique que sont ceux du Front de gauche. Ils ou elles seront des jalons décisifs pour l’immense travail qui nous attend.

Dans les semaines à venir, nos concitoyens en auront plus que jamais besoin.

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le 12 December 2015

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