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La biographie de Charlotte Delbo (Wikipedia)

Origines et formation

Aînée des quatre enfants d'une famille d'immigrés italiens, Charlotte Delbo est la fille d'un chef monteur-riveteur.

Elle adhère en 1934 aux Jeunesses communistes puis en 1936 à l'Union des jeunes filles de France fondée par Danielle Casanova. Si elle n'a jamais obtenu le baccalauréat elle fait néanmoins quelques études de philosophie dans le cadre de l'Université Ouvrière où elle rencontre son futur mari, le militant communiste Georges Dudach (qui, formé à Moscou, deviendra un « véritable agent » communiste), qu'elle épouse en 1936.

Ayant une formation de secrétaire (sténo-dactylo bilingue en anglais), elle devient en 1937 l’assistante de Louis Jouvet au théâtre de l'Athénée qu'elle a rencontré lors d'une interview qu'elle faisait pour le compte d'un petit journal communiste. Elle a notamment la charge de transcrire ses cours aux étudiants du conservatoire2,1. Elle part avec la troupe en Amérique latine en mai 1941 pour une tournée sous l'égide du gouvernement de Vichy.

Résistance et déportation

Apprenant en septembre 1941 la mort sous la guillotine de Jacques Woog, un jeune architecte de leurs amis, elle décide de rejoindre son mari en France et entre dans la Résistance clandestine.

Georges Dudach est notamment chargé d'entretenir les liens avec Louis Aragon, réfugié en zone libre. Avec Charlotte Delbo, ils font partie du « groupe Politzer », chargé de la publication des Lettres françaises dont Jacques Decour est rédacteur en chef. Charlotte Delbo est chargée de l'écoute de Radio Londres et de Radio Moscou ainsi que de la dactylographie des tracts et revues.

Charlotte Delbo et son mari sont arrêtés le 2 mars 1942 par les Brigades spéciales, lors de la série d'arrestations qui visent le mouvement intellectuel clandestin du Parti communiste français. Georges Dudach est fusillé au fort du Mont-Valérien le 23 mai 1942, à l'âge de 28 ans.

D’abord incarcérée à la prison de la Santé, à Paris, puis transférée au fort de Romainville pendant un an, elle est passée par le camp de Compiègne pour être immédiatement déportée, par le convoi du 24 janvier 1943, un convoi de 230 femmes qui viennent de toute la France et sont issues de différentes classes sociales. Il s'agit du seul convoi de déportées politiques françaises envoyé à Auschwitz. Beaucoup d'entre elles sont communistes et se trouvent aussi dans ce convoi Marie-Claude Vaillant-Couturier, Danielle Casanova et s'ajoutent à ces détenues politiques quelques « droit commun » et quelques erreurs judiciaires. Le train arrive le 27 janvier 1943 à Auschwitz.

Elle sera l’une des 49 femmes rescapées de ce convoi et portera, le reste de sa vie, le numéro 31661 tatoué sur le bras. Cette proportion de rescapées plus importante que dans d'autres convois peut s'expliquer par les incohérences de la politique d'Auschwitz, par le fait que des personnalités connues s'y trouvaient et qu'il aurait pu être gênant de les tuer toutes, mais aussi par la forte solidarité qui s'est développée dans ce groupe de femmes et parce qu'étant en majorité des résistantes, elles avaient parfois été formées à combattre et s'étaient déjà confrontées à l'idée de risquer de mourir pour leurs idées.

Charlotte Delbo estime qu'elle a survécu en particulier grâce aux poèmes qu'elle passe beaucoup de temps à chercher à se remémorer par un important effort de mémoire (elle arrivera à en « reconstituer » 57) et les textes de théâtre qu'elle est capable de se rappeler (notamment Le Misanthrope et Ondine) ainsi que par les souvenirs de sa vie d'avant et le dialogue avec les autres déportées. Elle déclarera en 1974 que, malgré l'aspect horrible du camp de concentration dont « aucun animal ne serait revenu », elle considère qu'elle a « appris là [...] quelque chose qui n'a pas de prix » : le courage, la bonté, la générosité, la solidarité et que cela lui a donné une « très grande confiance dans son semblable. »

Elle et ses compagnes de déportation ont l'obsession qu'au moins l'une d'elles revienne afin de témoigner de ce qui leur est arrivé. C'est donc pendant sa déportation qu'elle décide que, si elle survit, elle écrira un livre pour témoigner de ce que ces femmes ont vécu, dont elle choisit déjà le titre : Aucun de nous ne reviendra, d'après un vers de Guillaume Apollinaire. Selon elle ce vers correspond exactement à ce qu'elle a éprouvé, et, sans doute, à ce que chacun a éprouvé, en arrivant au camp. Elle a déclaré qu'elle prévoyait déjà, à cette époque, de ne le publier qu'après une vingtaine d'années car elle souhaitait que ce ne soit pas simplement un témoignage mais bien une « œuvre » et que pour ce faire il faudrait qu'elle le revoie vingt ans après l'avoir écrit. En outre elle se doute qu'après la guerre, les privations qu'aura connues la population française feront qu'elle sera centrée sur elle-même sans pouvoir s'intéresser au malheur « lointain » de ces déportées, et qu'elles seront « dans la situation de celui qui, mourant d'un cancer, essaye d'attirer l'attention de celui qui a une rage de dents ».

Elle est envoyée à parmi un petit groupe de huit, le 7 janvier 1944. Elle réussit à y organiser des représentations de pièces de théâtre dont elle reconstitue le texte de mémoire

Après guerre

Libérée par la Croix-Rouge le 23 avril 1945, elle est rapatriée en France le 23 juin 1945 en passant par la Suède.

Sa personnalité après la guerre se caractérise par un « bonheur de vivre » et un caractère épicurien, comme si, après avoir frôlé la mort, elle jouissait pleinement du reste de sa vie et souhaitait profiter « du moindre moment ». Elle est très gaie et est connue pour son goût pour le champagne.

Elle commence à rédiger Aucun de nous ne reviendra, d'une traite assez rapide et sans plan, environ six mois après son retour en France, dès qu'elle est en meilleure santé7, sur un cahier à spirale. Elle range le manuscrit remis au net, l'emporte pendant des années avec elle dans tous les voyages qu'elle fait et le propose à un éditeur au bout de vingt ans. Il est publié en 1965. Selon son ami le critique littéraire François Bott, il semble qu'elle ait réagi à l'idée d'Adorno selon laquelle aucune poésie ne serait possible après Auschwitz, en disant que si la poésie ne sert précisément pas à faire ressentir Auschwitz, celle-ci était alors inutile.

Après la guerre, elle travaille de nouveau avec Louis Jouvet de septembre 1945 à avril 1947, puis pour l’ONU puis, à partir de 1961, au CNRS, avec le philosophe Henri Lefebvre qui avait travaillé avec Georges Politzer avant guerre.

Durant la Guerre d'Algérie, elle se situe clairement dans l'opposition à cette guerre, la dénonciation de la torture et le soutien aux insoumis et « porteurs de valises » du réseau Jeanson. Elle publie une série de correspondances sur ce thème dans Les Belles lettres aux éditions de minuit (1961). « Alors qu'auparavant, l'indignation explosait en manifestations et en actions collectives..., elle n'a plus aujourd'hui le moyen de s'exprimer... Il n'y a plus de vie politique... Privé d'autres moyens d'agir on écrit des lettres. »

Elle estime qu'après ce qu'elle a vécu à Auschwitz, « elle ne risqu[e] rien » et n'a pas peur de prendre des engagements qui peuvent faire scandale : le suicide de membres de la Bande à Baader dans les années 1970 (et la polémique qui s'en suit, des militants considérant que ces terroristes avaient en fait été assassinés) la choque au point qu'elle n'hésite pas à écrire une tribune dans Le Monde pour soutenir la Bande à Baader en déclarant que si des terroristes avaient réussi à tuer Adolf Hitler et Benito Mussolini lors d'une de leurs rencontres, elle n'aurait pas été déportée.

Elle n'a pas eu d'enfant et n'aurait jamais souhaité en avoir.

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La biographie de Charlotte Delbo (Wikipedia)

le 13 October 2014

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